Le Didgeridoo
Allez, je vous emmène sur la piste du Didgeridoo. Et quand je dis "sur la piste", je l'entends au sens littéral, car pour trouver cet instrument, il faut s'enfoncer par les chemins de terre dans le bush australien. Oui, car ce sont les Aborigènes d'Australie qui font depuis fort lontemps de la musique avec cet intrument des plus simples - depuis 15 000 à 20 000 ans probablement. A une époque où l'homme occidental en était encore à l'âge de pierre.
Cet instrument à vent se compose d'une longue branche d'eucaliptus évidée. Il fait, selon les cas, de 1 à 2 mètres de long, et environ 5 cm de diamètre à une extrémité, et jusqu'à 30 cm de l'autre.
Sur le modèle du cor des Alpes, ou des trompes tibétaines (appelées "Tongquin"), le Didgéridoo sert de caisse de résonance aux bruits faits avec la bouche en soufflant les lèvres serrées.
Le mieux est d'écouter un premier exemple de sons émis à travers cet instrument, sons qui souvent cherchent à imiter des bruits de la nature ou des cris d'animaux.
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Ce premier exemple d'utilisation du Didgeridoo par des Aborigènes d'Australie nous a permis de découvrir déjà une des évolutions de l'intrument.
Celui que nous venons d'entendre est fait en bambou, plus facile à creuser dans la mesure où le bambou est vide par nature ! Il suffit alors simplement de percer les cloisons internes qui séparent les différents tronçons.
Les Didgeridoos anciens, quant à eux, sont facilement reconnaissables à leur forme plus ou moins tordue "naturellement", et aux décorations traditionnelles qui les embellissent. Ils sont, je vous l'ai dit, creusés dans des branches d'eucalyptus, mais pas creusés par l'homme - ce qui aurait nécessité des outils qui n'existaient pas il y a quelques 10 000 ans. Ce sont des termites qui creusaient le coeur des arbres et des branches, et les Aborigènes savaient qu'un instrument était prêt pour eux en tapant sur les branches qui finissaient par sonner creux.
Autre particularité du Didgeridoo : afin de ne pas se blesser le tour de la bouche appliqué à un bout de la branche creuse pour souffler dedans, le pourtour en était enduit d'un bourrelet de cire d'abeille. La nature avait tout prévu.
Le Didgeridoo a, depuis une vingtaine d'années, quitté le bush australien pour se répandre à travers la planète, adopté par de jeunes voyageurs blancs (australiens, anglais ou américains principalement) à la recherche de sonorités primitives, voire mystiques, et de rythmes répétitifs visant à vous amener à un état de transe. Ces "globe-trotters" (qui auraient été qualifiés de hippies il y a 50 ans) ont adapté le didgeridoo à leur mode de vie itinérant. Fabriqués en bois ou en plastique, il se compose désormais de morceaux plus courts de diamètres différents s'emboitant les uns dans les autres sur le modèle d'un hautbois. Le démontage permettant ainsi le transport plus facilement dans un sac à dos.
Ecoutons ce petit "concert" improvisé par une jeune fille blanche assise sur un trottoir de la cité ancienne de Carcassonne.
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C'était un exemple d'utilisation traditionnelle du Didgeridoo seul.
Mais sorti de ses frontières désormais, l'instrument est utilisé en combinaison avec d'autres instruments, d'autres rythmes, d'autres sonorités, allant même jusqu'à de la musique électronique.
Est-ce un bien ? Est-ce un mal ? Certains y verront un sacrilège ; d'autres un espoir pour la survie de l'instrument dans nos sociétés sans cesse à la recherche de nouveautés. Je ne me prononcerai pas dans un tel débat. Ce n'est pas mon rôle. Je choisis simplement de vous faire découvrir ce qui est, et c'est à vous de décider.
Ecoutons quand même cette musique plus élaborée, mélangeant sonorités modernes et traditionnelles.
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Citons, pour terminer cette découverte, quelques musiciens, tel l'Australien Charlie McMahon ou encore l'Anglais Mike Edwards, qui ont consacré leur art à cet instrument.
Mike Edwards tout d'abord qui est retourné vers des sonorités plus traditonnelles...
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Charlie McMahon dans cette petite vidéo nous montre quels "sons" il fait avec sa bouche avant de nous montrer le résultat à travers l'instrument. De plus, il utilise un didgeridoo "moderne", en plastique et "coulissant" afin de faire varier la sonorité.
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